mercredi 27 octobre 2010

De l’environnement sur nos étiquettes dès juillet 2011


Chantal Jouanno, la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, a annoncé le lancement de l’étiquetage environnemental pour juillet 2011. L’objectif est d’informer les consommateurs sur l’empreinte environnementale des produits. Selon une étude Ipsos, 86% des Français disent exprimer un intérêt certain pour ce type d’information. Ainsi, pour les secteurs de l’alimentaire et de l’habillement, l’étiquetage contiendra des informations concernant : l’indice carbone des produits exprimé en grammes équivalent CO2, la consommation en eau, les rejets toxiques, et la durabilité des ressources naturelles. L’expérimentation n’a pas de caractère obligatoire et se fera sur la base du volontariat sur une période d’un an. Il était temps diront certains ! En effet, l’étiquetage environnementale, l’une des mesure phare annoncée par le Grenelle 2, était initialement prévu pour le 1er janvier 2011.


Étiquetage environnemental : un outil pédagogique

L’objectif de l’étiquetage environnemental est d’orienter les choix des consommateurs vers des produits à moindre impact sur l’environnement et inciter de fait les industriels à diminuer au maximum ces impacts.
L’une des questions que l’on peut alors se poser est : l’étiquetage sera-t-il suffisamment clair et compréhensible pour les consommateurs ? En effet, la difficulté dans le cadre de la méthodologie appliquée est non seulement de faire le choix de la nature de l’information à mettre en avant (doit-on informer le consommateur sur le contenu en carbone du produit ? ou sur les kilomètres parcourus nécessaires à l’acheminement du produit, de la conception à la mise en rayon ? etc.) mais aussi de mettre en place un système lisible et accessible. Un dicton bien connu peut ainsi résumer le problème ici posé : trop d’information tue l’information. Au même titre finalement que pas assez d’information tue également l’information, constat que l’on serait davantage en mesure de faire dans l’état actuel des choses. La mise en place d’un étiquetage n’est donc pas simple. Il faut faire des choix : des choix sur la nature de l’information donc, mais aussi des choix sur la méthodologie appliquée qui dépend en grande partie de l’information disponible aux différentes étapes de production et d’acheminement des produits. Des initiatives ont déjà été mises en place et permettront d’orienter les différents acteurs qui sont au cœur de l’expérimentation qui débutera en juillet 2011.


L’étiquetage environnemental : un outil qui a déjà fait ses preuves

L’étiquetage environnemental existe déjà. On peut ainsi choisir depuis 1995 son électroménager en fonction de la consommation énergétique du produit. Le principe est relativement simple : une échelle de couleur permet aux consommateurs d’évaluer rapidement l’empreinte énergétique du produit par rapport aux autres.

En 2007, Casino se distingue de ses concurrents en proposant un étiquetage environnemental de ses produits qui, initialement, devait mettre en avant trois éléments : la masse et contenu en CO2 de l’emballage, la recyclabilité du packaging et la distance parcourue du produit, de la production au consommateur. Finalement, Casino fera le choix de présenter seulement l’indice carbone des produits en gramme équivalent CO2, un indice peut-être plus simple, plus lisible et accessible, mais surtout moins contraignant à mettre en place pour l’enseigne. Cette initiative soutenue par l’ADEME a notamment été mis en place par la société BIO Intelligence Service. Si 3000 produits devaient être concernés par l’étiquetage environnemental, c’est aujourd’hui près de 500 qui le sont réellement. Les objectifs ont ainsi largement été revus à la baisse. On peut ainsi s’interroger sur la raison d’une révision de ces objectifs : difficulté de mise en place ? Données manquantes ? Succès mitigé auprès des consommateurs ?
Leclerc lui emboite le pas en 2008 en indiquant sur le ticket de caisse le bilan CO2 du panier de course du client (exprimé en kg équivalent CO2). Cependant, avec cette initiative, le client ne peut faire le constat qu’une fois les produits achetés et ne peut déterminer lequel des produits sélectionnés est le plus consommateur de CO2. En d’autres termes, s’il veut diminuer son empreinte carbone, c’est un peu comme au loto : c’est au hasard et il n’obtiendra le résultat qu’une fois à la caisse. Un petit jeu auquel le client peut très vite se lasser.

En 2008, la Caisse d’Epargne initie l’étiquetage appliqué aux produits bancaires, une initiative qui s’intègre au programme Bénéfices Futurs de la banque mutualiste en faveur d’un développement durable. Ainsi, en partenariat notamment avec Les Amis de la Terre et WWF France, la Caisse d’Epargne a mis en place un étiquetage informant les clients sur la « sécurité », c’est-à-dire sur les risques financiers liés au produit bancaire, sur la « responsabilité » ou l’intégration de critères sociaux et environnementaux liés à la conception du produit, et sur le « climat », c’est-à-dire sur les émissions carbones déduites des activités ou biens financés. La méthodologie appliquée a été rendue publique afin que les autres établissements bancaires puissent l’appliquer. Cependant, non seulement, aucun autre établissement bancaire français n’a appliqué cette même démarche, mais, en outre, la Caisse d’Epargne a abandonné dès 2010 l’étiquetage de ses produits. Un abandon que les Amis de la Terre n’ont pas hésité à condamner : en effet, dans un contexte de crise économique et financière, et surtout de crise de confiance, la Caisse d’Epargne a certainement fait le mauvais choix en allant à contre pied d’un système que l’on souhaiterait plus accès sur la transparence.


Appréhension de la part des industriels

L'Association nationale des industries de l'agroalimentaire (Ania) a souligné lors de son congrès à Paris la difficulté d’obtenir certaines données nécessaires à l’étiquetage, notamment celles liées au transport et à la fabrication surtout lorsque le produit est issu de l’étranger. L’Ania a pu constater ces difficultés lors d’une expérimentation préalable en partenariat avec l’ADEME sur 300 références dont 150 produits alimentaires. L’Ania appelle ainsi à une harmonisation des méthodes d’évaluation afin qu’elles soient applicables à l’ensemble du secteur.


Carrefour : l’étiquetage « sans OGM »

Carrefour va même plus loin en proposant un étiquetage « sans OGM » sur 300 de ses produits alimentaires. Cette démarche est notamment approuvée par WWF, Greenpeace et par l’icône anti-OGM, José Bové. Carrefour veut ainsi anticiper le projet de décret sur l’étiquetage de ce type de produits actuellement examiné par le Haut Conseil des biotechnologies. Selon Carrefour, cette information sur le contenu OGM dans les produits alimentaires répond à une véritable demande de la part des consommateurs, chiffres à l’appui : selon une étude Ifop, 32% des Français auraient arrêté de consommer certains produits dès qu’ils ont su qu’ils étaient issus d’OGM. Cet étiquetage demande de la part de Carrefour une véritable réorganisation dans le sens où il nécessite une traçabilité parfaite des produits, un accès à l’information permis grâce à une série de contrôle à chaque étape de vie du produit, du berceau au tombeau, c’est-à-dire, de l’élevage à la mise en rayon. Une réorganisation qui a un prix mais qui sera en majeure partie absorber par Carrefour: si les producteurs et éleveurs vendent leurs produits 8% plus chers à l’enseigne de grande distribution, les produits Carrefour étiquetés sans OGM seront en moyenne 2% plus cher que les produits alimentaires équivalents.

En l’absence de données scientifiques quant à l’impact sur la santé et l’environnement qu’impliquent la culture et la consommation d’OGM, la France résiste tant qu’elle peut à la généralisation des OGM dans les rayons alimentaires sous couvert du principe de précaution. Pourtant, les nombreuses importations provenant notamment des Etats-Unis ont intégré les OGM dans nos assiettes sans qu’on ne le sache vraiment. Cette initiative a donc également l’avantage de mettre la transparence au cœur de l’acte de consommation et de rendre le consommateur responsable et libre de choisir.


L’étiquetage environnemental fera ainsi partie de nos futurs emballages alimentaires. Il viendra ainsi s’ajouter aux nombreux labels (bio, commerce équitable, etc.), aux informations sur le contenu alimentaire (huile de palme, etc.) et pourquoi pas à la future taxe carbone. La question désormais est de savoir si le consommateur intégrera réellement ce nouveau critère dans ses choix de consommation. Les expériences passées, notamment sur l’électroménager, ont pu démontrer que ce critère a une véritable importance à aux yeux du consommateur. Mais le plus important finalement est de permettre au consommateur de faire ses choix en toute connaissance de cause, en d’autres termes, il s’agit de lui donner d’autres critères de choix venant s’ajouter à ceux du prix et de la qualité.


Sources et informations complémentaires :

La France Agricole, « Etiquetage environnemental des produits, Premières expérimentations en juillet » (22/10/2010)
http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/etiquetage-environnemental-des-produits-premieres-experimentations-en-juillet-33856.html

Zegreenweb.com, L’étiquette environnementale sera expérimentée en juillet prochain (25/10/2010)
http://www.zegreenweb.com/sinformer/entreprise-consommation/letiquette-environnementale-sera-experimentee-en-juillet-prochain,17650

Le JDD, « Carrefour lance un étiquetage sans OGM », (22/10/2010)
http://www.lejdd.fr/Economie/Entreprises/Actualite/Carrefour-lance-un-etiquetage-sans-OGM-228741/

Site Développement Durable.com, Etiquetage environnemental : à quand le prix carbone sur les produits de consommation ? (29/03/2010)
http://www.developpementdurable.com/conso/2010/03/A4466/etiquetage-environnemental-a-quand-le-prix-carbone-sur-les-produits-de-consommation.html

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