jeudi 7 octobre 2010

La voiture électrique, une innovation verte?



A l’occasion du mondial de l’automobile 2010 de Paris, il paraît intéressant de revenir sur la question du véhicule électrique. S’agit-il réellement d’une innovation verte ? Permettra-t-elle vraiment de remplacer le véhicule à essence d’aujourd’hui ? La voiture électrique mérite-t-elle vraiment l’investissement que l’Etat lui dédie ?


La voiture électrique, un véhicule « propre » ?

En guise d’introduction, il convient de rappeler qu’un véhicule par définition n’est pas propre. Et pourtant, cette expression est trop souvent utilisée par les médias et les constructeurs automobiles qui sont parfois à la limite d’un greenwashing intempestif. Il conviendrait davantage de se poser la question de savoir si le véhicule électrique est « moins polluant ».

La voiture électrique est au cœur de l’actualité des constructeurs automobiles. A l’heure de l’efficacité énergétique, la solution décarbonée du véhicule leur permettrait ainsi de répondre aux normes environnementales qui se veulent de plus en plus strictes : l’objectif affiché par la Commission européenne est de limiter la consommation énergétique des véhicules à 120g de CO2 par km d’ici 2012. Selon l’Ademe, la voiture électrique consomme 112 g de CO2 par km.

La folie de la voiture électrique

Ainsi, Renault annonce la commercialisation de la voiture Zéro Emission dès 2011. Idem pour PSA qui, en accord avec le constructeur Mitsubishi, présentera les Peugeot iOn et Citroën C-Zero (d’un prix d’achat estimé à 30 000 € tout de même). Selon Renault, le marché existe : 80% des européens parcourraient moins de 60 km par jour, (alors que, pour le Journal des Finances, article du 29/08/2009, il semblerait que ce chiffre s’appliquerait aux Etats-Unis…). Ainsi, le fait que la voiture électrique n’ait qu’une autonomie de 150 km ne constituerait pas une barrière à l’achat. Pourtant, selon La Commission européenne, la part des ventes de voitures électriques en Europe à horizon 2020 ne devrait pas dépasser 2%.
La France fera-t-elle exception ? Selon le Métro, peut-être… mais à condition qu’elle ne soit pas plus chère qu’un véhicule classique pour 7 français sur 10. Ce qui est loin d’être le cas.

Par ailleurs, le gouvernement a prévu l’installation de près de 75 000 bornes de recharge. Cependant, certaines collectivités s’opposent à l’installation de ces bornes car celles-ci, très coûteuses, ne représenteraient que 10% des recharges totales, la majorité s’effectuant au domicile et au travail (ce qui paraît logique du fait que le temps de recharge est estimé à plusieurs heures).

La voiture électrique : une solution pour les petites distances

Si la voiture électrique ne semble pas au point afin d’effectuer des longues distances, elle peut paraître comme une solution viable et utile pour les petites distances effectuées notamment dans le cadre de la logistique urbaine. Le magazine Usine Nouvelle nous annonce ainsi la mise en circulation de 250 véhicules électriques par La Poste cette semaine. Ces véhicules d’une autonomie de 50 km et d’une vitesse de pointe à 110 km/h permettront non seulement de limiter les pollutions atmosphériques mais aussi de limiter les nuisances sonores.

Quoiqu’il en soit, la voiture électrique qui reste l’objet de nombreux débats, ne cessera de faire couler de l’encre. Il convient tout de même de nuancer les propos quant à cette innovation. Il est vrai qu’il s’agit d’un véhicule moins polluant (et non plus propre) et une alternative relativement crédible à la consommation d’énergie fossile. Cependant, comme l’affirme Greenpeace, la voiture électrique ne constituera, au moins jusqu’à 2015, qu’un produit de niche. De plus, la réduction des émissions permise par ce véhicule ne pourra s’observer avant 2030 selon les pronostics affichés. Des problèmes persistent notamment quant au recyclage des batteries électriques.


La voiture électrique peut donc s’envisager comme étant un pas vers une mobilité moins polluante mais non comme une solution suffisante. Elle ne doit donc pas faire l’objet de toutes les attentions et surtout doit systématiquement s’accompagner d’un discours mesuré et nuancé… L’achat d’un véhicule électrique répond à un besoin de mobilité mais ne constitue pas en lui-même un geste écologique.


Sources
:


Le Monde - Quizz sur la voiture électrique
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2010/10/04/quiz-la-voiture-electrique-vraiment-branchee/

Usine Nouvelle - La Poste passe à l'électrique

http://www.usinenouvelle.com/article/la-poste-passe-a-l-electrique.N139309

Greenpeace - La voiture électrique sauvera-t-elle le climat?
http://www.greenpeace.org/switzerland/Global/switzerland/fr/publications/climat/2010_Climat_Etude_VoitureElectrique.pdf

Sénat - Norme de rejet de CO2 fixée à l'industrie de l'automobile
http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ070700627

1 commentaire:

  1. Combien de voitures électriques vendues au particulier en France en 2009 ? 14 !!!
    L'explication ? Le prix, qui tourne comme tu l'annonces, autour de 30.000 euros et le manque de bornes, dont la prise en charge du coût (35-40.000 euros pour une borne de recharge en 8h) pose problème: l'État, la collectivité, le privée ?

    Donc oui, c'est encore une marché de niche. d'autres solutions pour obtenir des voitures plus propres semblent plus simple: l'hybridation ou tout simplement l'optimisation des voitures thermiques conventionnelles (réduction du poids, de la cylindrée, augmentation de la performance énergétique...).

    Comme tu le précises, la voiture électrique n'est qu'un pas vers une mobilité durable. Pleins d'autres pas sont possibles et restent à faire.

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