A la veille de Noël où le sapin est mis à l’honneur, l’ADEME prodigue quelques conseils pour verdir ces fêtes de fin d’année. Chaque année, ce sont près de six millions de sapins qui intègrent les salons des Français. Parmi ce chiffre, ce sont 5 millions de sapins naturels dont 80% sont issus d’exploitations françaises. Les sapins naturels restent selon l’ADEME la solution à privilégier, les sapins en plastique ou en métal, même s’ils sont réutilisables chaque année, étant fabriqués à l’autre bout du monde en des matériaux non recyclés. Mais si le sapin reste à l’honneur durant ces fêtes de noël, ce n’est pourtant pas cet arbre qui est au cœur des discussions. En effet, le Sommet de Cancun réunit l’ensemble des Etats pour traiter des enjeux liés au climat parmi lesquels se trouve l’enjeu de la déforestation. Parmi les principales causes de la déforestation, ce ne sont évidemment pas les sapins de noël mais la culture de l’huile de palme. Considérant la croissance de la production d’huile de palme, notre « beau sapin » pourrait bien se voir détrôner par le palmier. Retour sur l’actualité relative à la déforestation.
Si le Sommet de Nagoya a permis de prendre des engagements au niveau international sur la protection des forêts, le président brésilien est relativement pessimiste en ce qui concerne le Sommet de Cancun. Il regrette notamment l’absence des chefs d’Etat des principaux pays concernés par le réchauffement climatique, sans qui aucun véritable engagement ne peut être décidé, ainsi que le manque d’empressement de leur part à financer la lutte contre la déforestation. Le président Luiz Inacio da Silva place la lutte contre la déforestation parmi ses priorités et s’est engagé à réduire de 39% ses émissions de GES et à réduire la déforestation de 80% d’ici 2020. La déforestation est la cause de 20% des émissions mondiales de CO2, plaçant ainsi le Brésil en 4e position parmi les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre.
Le Sommet de Cancun est en outre l’occasion pour les pays du Sud d’avancer sur le processus du REDD+ qui leur permettrait de combattre la déforestation et de s’adapter aux conséquences du changement climatique grâce à la constitution d’un fonds de 30 milliards de dollars d’ici à 2012. Plusieurs sources de financement sont à l’étude parmi lesquelles la mise en place d’un fonds multilatéral ou d’un système basé sur le marché du carbone. Le financement par le recours au marché carbone reste cependant vivement critiqué par certaines ONG telles que Friends of the Earth : cette dernière craint que les pays industrialisés privilégient la compensation à la réduction des émissions de carbone et redoute une dévalorisation du prix du carbone qui irait en faveur des industries dépassant leurs quotas. Enfin, elle craint une privatisation des ressources naturelles par les pays du Nord aux dépens des populations locales qui ne profiteraient pas des profits générés par le programme de reforestation.
Mais ce programme de reforestation semble selon Greenpeace être mis à mal par le lobby des industries d’huile de palme. En effet, les producteurs d’huile de palme et de pâte à papier ont prévu de tripler leur production d’ici à 2020, un objectif qui pourrait être menacé par les projets du REDD. Greenpeace a ainsi révélé dans l’un de ses rapports dénommés « REDD Alert » que les industriels prévoiraient de jouer sur les ambiguïtés existantes dans certaines définitions : ainsi, les productions d’huile de palme entreraient dans le cadre de la réhabilitation des forêts en terres dégradées et pourraient dès lors bénéficier des fonds prévus à la reforestation. Rappelons-le, l’Indonésie fait partie des pays les plus touchés par la déforestation, une catastrophe environnementale qui fait la fortune de certains : les 40 hommes les plus riches de l’archipel doivent leur fortune aux exploitations des mines de charbon et d’huile de palme.
La lutte contre la déforestation constitue depuis longtemps l’une des priorités des ONG environnementales. Elles ont notamment pour objectif d’alerter l’opinion sur les origines de la déforestation parmi lesquelles, les cultures d’huile de palme par les industriels. Cette huile bon marché, plus connue sur les étiquettes sous le nom « d’huile végétale » se retrouve en effet dans de nombreux produits de consommation courante. Ainsi, Greenpeace a dénoncé ces pratiques industrielles en prenant pour cible l’un des géants de l’alimentaire, Nestlé : on se souvient ainsi d’une vidéo diffusée sur Internet qui montrait un employé d’entreprise mangeant des doigts d’orang-outan soigneusement emballé dans un sachet Kitkat. Le buzz a fonctionné, Nestlé ayant depuis renoncé à acheter de l’huile de palme. De la même façon, d’autres entreprises ont également cessé à utiliser cette huile végétale parmi lesquelles le groupe Findus, Burger King ainsi que le distributeur Casino en mars dernier. Le groupe Ferrero quant à lui refuse de se passer de cette huile, indispensable à la conception de ses produits alimentaires. Cependant, Ferrero a d’ores et déjà exclu l’achat d’huile de palme issue d’Indonésie et s’est engagé à s’approvisionner petit à petit en huile de palme certifiée durable par le « Roundtable on Sustainable Palm Oil » (RSPO) créé par le WWF.
L’engagement des entreprises ne se limite pas à l’utilisation de l’huile de palme. En effet, on peut notamment citer l’exemple de Castorama qui s’est vu récompensé par le FSC International pour son implication relative à la certification et la promotion de ce label. Cette récompense est certainement le fruit d’un partenariat actif avec WWF qui l’accompagne dans l’élaboration de sa stratégie Bois.
Par ailleurs, le 30 juin dernier, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) a présenté le Club Carbone forêt-bois dont l’objectif est de valoriser le carbone stocké dans les forêts françaises et les produits à base de bois. Ce club a pour objectif de réunir l’ensemble des acteurs français, publics et privés, souhaitant réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) par le biais des forêts françaises : pouvoirs publics, acteurs financiers, les gestionnaires des forêts, et, notamment, les entreprises souhaitant compenser leurs émissions de GES via des projets forêt-bois au niveau national. Ainsi, on peut notamment citer comme intervenants, la CDC Climat, l’Office National des Forêts (ONF et ONF International), le FCBA, l’ASFFOR, etc.
Le sommet de Cancun, qui prendra fin le 10 décembre prochain, est par ailleurs l’occasion pour France 5 de diffuser le documentaire de Patrick Rouxel dénommé « Green » qui, à travers l’histoire d’un orang-outan alerte l’opinion sur les conséquences liées à la déforestation. La lutte contre la déforestation est en effet l’affaire de tous : elle concerne aussi bien les Etats qui doivent financer les projets de reforestation ; les entreprises par le biais, notamment, de leurs politiques d’achats ; les ONG environnementales qui, notamment, dénoncent les dérives relatives à la gestion du bois ; et enfin des consommateurs via des comportements d’achats responsables.
Sources et compléments d’informations :
Le Monde, « La conférence de Cancun sur le climat "ne va rien donner", estime Lula » (01/12/2010)
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/12/01/la-conference-de-cancun-sur-le-climat-ne-va-rien-donner-estime-lula_1447688_3244.html
20 Minutes, « Sommet de Cancun: d'abord pour lutter contre la déforestation » (29/11/2010)
http://www.20minutes.fr/article/630777/planete-sommet-cancun-abord-lutter-contre-deforestation#xtor=RSS-148
Courrier International, « De l'huile qui fait des milliardaires » (06/12/2010)
http://www.courrierinternational.com/breve/2010/12/06/de-l-huile-qui-fait-des-milliardaires
Greenpeace, « L’accord historique de protection de la forêt indonésienne mis en péril par l’industrie » (23/11/2010)
http://forets.greenpeace.fr/laccord-historique-de-protection-de-la-foret-indonesienne-mis-en-peril-par-lindustrie
Vidéo Youtube, « Greenpeace dénonce Nestlé, qui contribue à la déforestation en Indonésie »
http://www.youtube.com/watch?v=hgcHTHGu5tA
Actu-Environnement, « La CDC lance le Club carbone forêt-bois pour valoriser la séquestration du CO2 par la filière forestière » (01/07/2010)
http://www.actu-environnement.com/ae/news/cdc-bois-fond-sequestration-10592.php4
Sciences et Avenir, « Mon beau sapin... végétal ou artificiel pour ce Noël ? » (02/12/2010)
http://www.sciencesetavenir.fr/depeche/nature-environnement/20101130.AFP6560/mon-beau-sapin-vegetal-ou-artificiel-pour-ce-noel.html
WWF, « Castorama récompensé par le FSC International pour la promotion faite de ce label » (25/10/2010)
http://www.wwf.fr/partenariats-entreprises/actualites-de-nos-partenariats/castorama-recompense-par-le-fsc-international-pour-la-promotion-faite-de-ce-label
http://www.courrierinternational.com/breve/2010/12/06/de-l-huile-qui-fait-des-milliardaires
Greenpeace, « L’accord historique de protection de la forêt indonésienne mis en péril par l’industrie » (23/11/2010)
http://forets.greenpeace.fr/laccord-historique-de-protection-de-la-foret-indonesienne-mis-en-peril-par-lindustrie
Vidéo Youtube, « Greenpeace dénonce Nestlé, qui contribue à la déforestation en Indonésie »
http://www.youtube.com/watch?v=hgcHTHGu5tA
Actu-Environnement, « La CDC lance le Club carbone forêt-bois pour valoriser la séquestration du CO2 par la filière forestière » (01/07/2010)
http://www.actu-environnement.com/ae/news/cdc-bois-fond-sequestration-10592.php4
Sciences et Avenir, « Mon beau sapin... végétal ou artificiel pour ce Noël ? » (02/12/2010)
http://www.sciencesetavenir.fr/depeche/nature-environnement/20101130.AFP6560/mon-beau-sapin-vegetal-ou-artificiel-pour-ce-noel.html
WWF, « Castorama récompensé par le FSC International pour la promotion faite de ce label » (25/10/2010)
http://www.wwf.fr/partenariats-entreprises/actualites-de-nos-partenariats/castorama-recompense-par-le-fsc-international-pour-la-promotion-faite-de-ce-label