lundi 31 janvier 2011

Préconisations « pour une consommation durable »



Face à un système de consommation inadapté au vu des objectifs établis en matière de développement durable, le gouvernement a commandité auprès du Centre d’analyse stratégique (CAS) un rapport permettant de mettre en lumière une série de recommandations pour une consommation plus durable. Après une définition claire de ce qu’est la consommation durable, le rapport met en lumière les obstacles actuels qui empêchent le consommateur d’adopter des comportements plus respectueux de l’environnement et développe ensuite des propositions en termes de politique publique.


La consommation durable est ici définie comme étant un mode de consommation ayant un impact faible sur les écosystèmes, peu émissif de gaz à effet de serre et basé sur un usage limité de ressources naturelles et d’hydrocarbures. Plusieurs constats sont effectués : sur une année, nous consommons actuellement plus de ressources que ce que la Terre peut produire ; selon l’Agence Internationale de l’Energie, la modification de nos modes de consommation est une condition nécessaire pour atteindre les objectifs fixés en termes de gaz à effet de serre. A cela s’ajoute, au-delà de la seule considération environnementale, une inégalité de plus en plus marquée en termes de consommation entre les différents pays du monde (un européen consomme en moyenne 4 fois plus qu’un africain et 2 fois moins qu’un nord-américain) ainsi que le constat d’une absence de corrélation entre le bonheur et l’accumulation de biens matériels.

Consommer de façon plus durable apparaît envisageable à la condition qu’un certain nombre de leviers tant culturels, sociaux, économiques et institutionnels soit levé. C’est dans ce cadre que doivent intervenir les instances publiques afin de mettre en place des solutions concrètes qui soient à la hauteur des enjeux. Le rapport insiste sur la nécessité d’un changement radical des habitudes de consommations basé notamment sur des échanges dématérialisés (location, partage, etc.), sur le recours aux cycles courts (consommation locale) et sur un moindre gaspillage. Il met ainsi en lumière un modèle économique qui ne soit pas principalement motivé par une jouissance matérielle.
Cependant, le rapport ne prône pas une économie basée sur la décroissance : les recommandations et propositions sont formulées de sorte à assurer la prospérité de l’économie française et à ne pas accroître l’actuel endettement de l’Etat. Par contre, il implique et vise un changement structurel des comportements de l’ensemble des parties prenantes.

Voici les propositions telles que formulées au sein du rapport :

- Proposition 1 : « Eduquer à la consommation (durable) dès le plus jeune âge et sensibiliser le consommateur à travers des groupes cibles, à des moments clefs de la vie »

Exemples de moyens proposés : intégration des pratiques de consommation durable dans le système d’éducation ; campagnes d’information et de sensibilisation à travers des relais d’opinion et des médiateurs afin de favoriser une sorte de mimétisme vertueux ; régulation de la profusion des labels ; développer une économie de la fonctionnalité et l’éco-conception en intégrant les coûts globaux des biens et des services.

- Proposition 2 : « Encourager des initiatives pionnières de terrain dans une logique « ascendante » »

Exemples de moyens proposés : soutenir les expérimentations locales en limitant les contraintes financières ; favoriser les échanges de bonnes pratiques.

- Proposition 3 : « Soutenir l’innovation au service de la consommation durable »

Exemples de moyens proposés : investissement en faveur des innovations technologiques et organisationnelles pour un développement durable ; clarifier le statut des associations et entreprises innovantes à vocation sociale et écologique.

- Proposition 4 : « Mettre en place les outils économiques nécessaires »

Exemples de moyens proposés : mise en place d’un signal-prix fort aux produits et services par le biais d’outils tels que les bonus-malus, normalisation, subventions, … ; donner un prix au carbone émis et le faire clairement apparaître aux yeux des consommateurs ; réviser les tarifs de l’eau et de l’électricité pour modifier les comportements des consommateurs ; faire financer les écolabels par les entreprises non-labellisées en s’inspirant du principe pollueur-payeur.

- Proposition 5 : « Encourager l’Etat et les collectivités territoriales à adopter des politiques de consommation et de commande publique durables »

Exemples de moyens proposés : Assurer la cohérence des politiques publiques à l’échelle nationale et impulser une coordination à l’échelle européenne.

- Proposition 6 : « Assurer le suivi pérenne de la politique nationale de consommation durable »

Exemples de moyens proposés : mise en place d’un système de gouvernance en donnant la charge à une entité administrative du suivi de la politique de consommation durable ; identification d’indicateurs de suivi


Un tel rapport n’a d’intérêt que s’il s’accompagne d’un plan d’actions clairement établi et la mise en place d’indicateurs et d’outils de suivi efficaces. Ainsi, le rapport insiste notamment sur l’inefficience du PIB en tant qu’indicateur de bien-être et sur l’importance de l’intégration des externalités sociales et environnementales dans le cadre des évaluations économiques.

Les objectifs de consommation durable sont fixés à horizon 2030 et s’inscrivent dans le prolongement du Pacte écologique et surtout du Grenelle de l’Environnement. Bien que les objectifs s’inscrivent sur le long terme et compte tenu du temps nécessaire à une modification structurelle des modes de consommation, les outils de politique publique doivent être établis et mis en place dès que possible.
Liens et compléments d'informations:
Site Internet du Centre d'analyse stratégique - Rapport "Pour une consommation durable"

http://www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=1342

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